l'ECOLE L'école est travaillée par les trois axes directeurs de la politique de l'éducation de la troisième république:
Récupérer l'enseignement féminin confisqué par l'enseignement confessionnel
Organiser et démocratiser le primaire
Améliorer la qualité de l'enseignement technique et promouvoir l'enseignement moderne.
Ces conquêtes s'exercent à l'encontre des monopoles et de la puissance de l'enseignement privé et correspond aux missions confiées aux hussards de la république: "Celui qui tient la femme tient tout, d'abord parce qu'il tient l'enfant et ensuite parce qu'il tient le mari... c'est pour cela que l'église veut retenir la femme et c'est aussi pour cela qu'il faut que la démocratie la lui enlève, sous peine de mort" (Jules Ferry 1870).
Toutes lois de cette décade seront ainsi inspirées par la laïcité et la volonté de déstabiliser l'enseignement confessionnel.
` Cette époque voit se développer une réflexion pédagogique très dynamique sur le plan général mais qui n'influe guère sur l’Education Physique. D'une part, pour ce qui concerne le primaire, Ferdinand Buisson dans le Dictionnaire de Pédagogie qui sera une "bible" pour les instituteurs de la 3ème république, propose un ensemble de réflexions pédagogiques fortes. Il souligne le rôle laïc et patriotique de l'école. Ferdinand Buisson, comme Jean Macé, milite au sein de la Ligue Nationale d'Education Physique. Ils appartiennent aussi, bien sûr, à la Ligue de l'Enseignement et ils représentent un mouvement fort en faveur du développement de l'école dans la société française. Il faut remarquer que Compayre fait partie, lui aussi, de cette ligue. Ce philosophe fera redécouvrir Rousseau et proposera un ouvrage consacré aux diverses méthodes pédagogiques.
Par ailleurs, le secondaire tente de se rénover quelque peu mais la pesanteur de la tradition dite "universitaire" freine les apports et les efforts proposés ici et là. On peut noter cependant quelques initiatives. Il faut faire état, en particulier, de l'Ecole alsacienne, de l'Ecole Monge (qui deviendra plus tard le lycée Carnot) et de l'œuvre de Desmolins qui crée, à la fin des années 1890, l'Ecole des Roches. Ce qu'il convient de retenir dans ce cas, c'est le choix des pédagogies nouvelles et la place qui est accordée au corps et aux activités physiques et ludiques en plein air. Bien sûr, ces choix sont influencés par la découverte des pédagogies novatrices anglaises et de la place qu'elles accordent au "self governement" et au sport.
Le système transmissif et frontal d'un enseignement directif qui convient à une république soucieuse de l'ordre moral est toujours au programme des EN.
1900-1918 : De la Belle Epoque à la Grande Guerre Le contexte 1.4.10Politique Socialement, depuis la fin du XIXe siècle, on assiste à la montée des "classes moyennes" ou petite bourgeoisie. De même, le monde ouvrier s'organise et c'est au début du 20ème siècle que se constitue la C.G.T.
Politiquement, les socialistes sont puissants malgré les divergences entre J. Guesde et J. Jaurès. "Le Bloc des Gauches" s'organise à partir de l'affaire Dreyfus (1894). Ce bloc rassemble les libéraux, les universitaires, et même des républicains modérés qui vont s'opposer aux conservateurs qui sont de plus en plus nationalistes et militaristes. De nombreux catholiques, malgré une certaine réserve de la hiérarchie, s'identifient à ce second groupe et comprennent que
la Loi de Séparation de l'Eglise et de l'Etat en 1905 soient l'acte ultime par lequel les Eglises trouvent leur indépendance dans l'état laïc. Le Bloc des Gauches éclate en deux tendances en 1906 et la suprématie de la gauche disparait alors .
Il y a à partir de la crise balkanique de 1909, et plus particulièrement celle de 1912-1913, un climat de déstabilisation en Europe, d'autant plus fort que les nationalismes sont exacerbés (dont l’attentat de Sarajevo sera le détonateur de la guerre de 14-18). Cette situation habitue les gouvernements et les opinions à se familiariser avec l'idée d'une guerre. Aussi assiste-t-on à une course aux armements complétée par des ententes militaires. Le déclenchement de la guerre, début Août 1914, se fait donc dans un climat d'enthousiasme étonnant si l'on ne tient pas compte de l'ambiance internationale qui dure depuis 10 ans.
De 1914 à 1918, la politique du pays est essentiellement orientée par les difficultés d'une guerre dont personne n'avait pensé qu'elle aurait été ce qu'elle fut: ni si longue ni si meurtrière. Une figure pourtant se détache en France qui est celle de Clémenceau. Celui-ci, non seulement suit les décisions de l'Etat Major avec Foch qui prescrit de passer partout à l'attaque le 24 Juillet 1918, mais surtout il perçoit les grands changements à venir et tente de préparer le pays à ce devenir qui verra la redistribution des rôles dans le monde et la perte de la suprématie des pays d'Europe sur le monde. C'est dans cet esprit qu'il prévoit des lois qui devraient anticiper sur la reconstruction du pays. Ce qui caractérisera cette époque, ce sera la consolidation de la République et l'essor du socialisme comme force de proposition de réformes sociales.
1.4.11Economie Avec le XXe siècle est confirmée l'expansion qui se dessinait à la fin du XIXe siècle et pour laquelle on recherchait à améliorer la capacité de travail de l'homme (travaux des frères Weber- Dubois-Raymond-Marey). On entre dans la seconde révolution industrielle avec le machinisme et la rationalisation du travail à partir des travaux de Taylor (appliquée pour la première fois par Ford).
La richesse de la France est incontestable, mais sa population stagne du fait de la dénatalité et, plus que dans les autres pays industriels, la paysannerie reste la composante principale de la population du pays. Malgré une forte croissance dans certaines industries nouvelles et des domaines de la production traditionnelle (agriculture), l'économie française va vite s'essouffler par suite d'un protectionnisme exagéré et d'une frilosité des investisseurs qui préfèrent les emprunts d'état à l'investissement industriel (rentiers).
1.4.12Sciences et techniques Il faut bien sûr insister sur la généralisation de la construction des bicyclettes. Dans le même ordre d'idée, la voiture automobile va trouver son essor avec l'invention d'un grand nombre de systèmes comme ceux de l'allemand Bosch. L'avion aussi se développe et avant la fin de la décennie, Blériot traverse la Manche.
Scientifiquement, il faut souligner l'importance des travaux de Planck qui avait avancé l'hypothèse des "quanta" en 1900, ceux de H. Poincaré depuis 1892 (critique de la mécanique newtonienne) et ceux de Einstein avec la théorie de la Relativité qui font se demander à certains "où va la science?" ou encore relancent l'interrogation sur "La valeur de la Science" , selon le titre de l'ouvrage de Poincaré. On note ainsi, parallèlement à ces avancées scientifiques incontestables, une reprise de la problématique du 19ème siècle sur la faillite de la science ou du moins sur ses insuffisances. En outre, il faut faire état des découvertes génétiques de l'époque avec la reprise de la théorie mendélienne de l'hérédité dont les lois furent énoncées dès 1866 mais ne furent révélées au public des biologistes que dans les années 1900 (Weismann). On peut aussi signaler les avancées en neurologie sur l'excitabilité des fibres nerveuses et la découverte des hormones et des chromosomes ainsi que des gènes et les différents travaux portant sur les localisations cérébrales. Enfin, il faudrait ajouter l'adoption de la démarche expérimentale en psychologie qui va donner à cette science ses fondements scientifiques. Il en va de même en sociologie avec les ouvrages principaux de Durkheim qui datent des années 1890 et commencent à être connus ainsi que ceux de Binet et Simon.
D’autres grandes découvertes scientifiques jalonnent cette époque. Ce sera la culture des tissus en 1912 avec A. Carrel et surtout, à partir de 1913, la découverte de la vitamine A, puis d'autres vitamines. Toujours en Biologie, en 1915, les mécanismes de l'hérédité chromosomique sont décrits par des américains. De nombreuses découvertes en astronomie marquent aussi cette époque et il faut ajouter à cela l'apparition de la théorie de la dérive des continents. Du côté des sciences humaines, les travaux de Freud, les béhavioristes, les recherches de Schilder sur l'image du corps et celles d'Adler puis de Jung marquent des avancées conséquentes.
Sans doute ces connaissances scientifiques et technologiques n'ont-elles pas d'effets directs ou immédiats sur l'Education Physique et cependant elles ne sont pas à négliger si l'on veut comprendre les évolutions qui se font et vont s'accentuer. En particulier, on peut penser qu'elles vont transformer les mentalités et contribuer à développer un souci scientifique en Education Physique. Plus marginalement, elles participeront à la familiarisation progressive d'un public averti avec les théories relativistes et l'idée d'une pluralité scientifique et qui multiplie les éclairages dans la deuxième moitié du siècle.
Cette époque, bien sûr, est marquée par la guerre et, en matière d'Education Physique, cela aura des conséquences car, après 1918, on ne peut plus penser Education Physique du seul point de vue hygiéniste. Demeny meurt en 1917 et, parallèlement, l'on assiste à la montée de Georges Hébert. C'est le moment où s'exacerbent la compétition et le conflit entre les méthodes dont le point culminant est le congrès de Paris en 1913. Il s'agit bien sûr d'un événement interne à l'histoire de Education Physique et qui est sans commune mesure avec la portée mondiale de la guerre. Mais en soi il constitue une petite révolution. Ce qui va marquer le Congrès International de Mars 1913, c’est le succès des élèves de Georges Hébert. Or ce ne sont pas seulement les Français qui sont impressionnés mais également les observateurs étrangers. Hébert qui, rappelons-le, est officier de la Marine Nationale, a obtenu la charge, en 1905, de l'entraînement physique des fusiliers marins de Lorient. Il semble qu'Hébert soit tout d'abord un disciple du système amorosien. Il ne faut pas négliger non plus le fait qu'il est un ancien élève de l'Ecole Navale et qu'il a commandé sur les derniers vaisseaux de guerre à voiles. Or ce succès va avoir des conséquences multiples pour l'avenir de l'Education Physique.
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