LES MOYENS 1.4.7Les professeurs Nous avons vu que la leçon reste le plus souvent une leçon de gymnastique conforme au Règlement Général des Armées et que le matériel est celui de la gymnastique. Bien sûr, la préparation militaire s'est estompée mais le professeur est toujours un militaire issu de Joinville. La critique de Pierre de Coubertin dans son livre « l'Education anglaise en France » (1889) est toujours d'actualité et Henri Marion, en 1892, critique encore la formation de type militaire à l'école. A ces militaires, le plus souvent sans grade, il faut adjoindre des sapeurs pompiers et quelques civils, le plus souvent choisis sur des critères indépendants de toute exigence pédagogique. On envisage seulement de recruter des gradés, au moins d'anciens sous-officiers, pour enseigner la gymnastique. Durant cette époque, le diplôme du Certificat d'Aptitude de l'Enseignement de la Gymnastique est à peine modifié. Il s'agit toujours d'un diplôme intéressant l'Union des Sociétés de Gymnastique et également l'Armée qui y voit un débouché intéressant pour les militaires en retraite. Aussi, sous la pression de ces deux groupes importants, le Conseil Supérieur de l'Instruction Publique ne retient pas la proposition d'introduire une épreuve écrite à côté des épreuves pratiques et orales qui existaient déjà. Ainsi donc, l'université ne s'intéresse toujours pas réellement à cette discipline. Cela se traduit assez bien à travers l'indemnité annuelle attribuée aux professeurs de gymnastique détenteurs du Certificat d'Aptitude à l'Enseignement en poste dans les Ecoles Normales. Cette indemnité est trois fois moindre que celle des professeurs de langues, par exemple. En fait, le professeur de gymnastique à cette époque peut très bien enseigner dans les lycées et collèges sans savoir ni lire, ni écrire.
1.4.8Les installations Malgré le désir affiché de voir se développer les jeux à l'école, l'Etat ne donnera pas de moyens supplémentaires pour en permettre le développement. Mieux (ou pire) même, il suggérera que soit fait appel aux collectivités locales et aux initiatives privées. Ceci peut se comprendre si nous nous souvenons que la plus grande partie des adhérents aux clubs sportifs par exemple sont des lycéens puisqu'ils appartiennent à la classe sociale qui s'entiche le plus vite des sports venus de Grande Bretagne. Ces activités nécessitent un minimum de terrain et d'équipement.
D'autre part, il faut souligner l'importance des lendits proposés par Paschal Grousset en 1888 quand il crée la Ligue Nationale d'Education Physique. Le docteur Philippe Tissié, intéressé par ce mouvement en faveur du développement des activités de plein air (problème de l'hygiène de la respiration), fondera à son tour, en décembre 1888, la Ligue Girondine de l'Education Physique qui organisera des lendits consacrés à des rencontres inter-établissements. Jusqu'en 1903, ces lendits donneront lieu à des manifestations dont les jeux collectifs et les activités athlétiques telles que les courses et les sauts, le canotage, l'escrime etc..., formeront l'ossature et seront gourmands de terrains aménagés et d'installations adéquates.
1.4.9Le budget Comme dans la période précédente, l'Etat ne s'engage pas réellement dans une politique délibérée en faveur de l'Education Physique et des jeux scolaires. Cependant, certains recteurs (par exemple à Bordeaux) soutiendront les initiatives privées mais cela ne se fait pas de manière systématique. Léon Bourgeois s'était contenté, dans une circulaire, de réclamer la bienveillance des recteurs, chefs d'établissements et enseignants.
L'exemple le plus caractéristique touche à la politique de formation et de recrutement des professeurs. Déjà, Eugène Paz réclamait une école normale; mais bien que conscients de cette nécessité, les hommes politiques n'en prendront pas l'initiative.
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