2.4Les politiques sportives
2.4.1Les années 70 : (re)définir des règles précises Pierre Mazeaud est nommé Secrétaire d’Etat chargé de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs à partir de 1972. Dans un premier temps le secrétariat d’Etat cherche à développer la pratique du sport pour tous et pour faire face à une demande forte (1970 : 5 Millions de licenciés, 1980 : 9 Millions 500.000, 2000/ 12 Millions). Suite à la politique d’Herzog qui voyait l’école et l’EP comme principal vecteur de développement, le législateur se tourne plus vers les clubs et la création de CAS (1972) dont les profs d’EP devaient être les cadres par redéploiement de moyens. (Centre d’animation sportive qui devait accueillir les élèves pour pratiquer des activités optionnelles en complément ou en remplacement des heures d’EPS ) .
La loi de 1975 dite « loi Mazeaud » sur le développement de l’éducation physique et du sport organise de façon plus précise les relations entre l’Etat et le mouvement sportif et a une incidence forte sur la formation des enseignants d’EPS. Les exigences se portent sur la conciliation d’un sport pour tous avec une pratique d’élite. D’autre part, cette loi porte les prémices du passage des enseignants d’EPS à l’Education Nationale.
Création des BE à trois niveaux
Création des lycées sportifs ancêtre des sports-études
1975 : création de l’INSEP par fusion de l’ENSEP et de l’INS
Création d’un Deug STAPS en 1975 puis de la licence (1977)
Modification du CAPEPS avec un stage en club et une option sportive
En 1978 c’est la création d’un Ministère de la JS, des loisirs et du tourisme ,avec JP Soisson et une remise en cause de l’EPS à l’école notamment avec les discussions sur les rythmes scolaires et la poursuite de l’implantation des CAS et SAS. C’est dans un rapport de force, la baisse des postes d’enseignants d’EPS, ils passent de 1050 en 1971 à « 0 » dans le plan Soisson…qui est revue à la hausse après les manifestations étudiantes…
L’ASSU est transformé en UNSS
Le forfait AS est réduit à deux heures
2.4.2Les années 1980-2000 : Avec la gestion de l’EPS par l’Education nationale, le Ministère de la JS se concentre sur la prise en compte de l’éventail des formes de pratique, du haut niveau au plus grand nombre. Le sport d’élite est dans un premier temps une préoccupation :
1981 : Convention de prise en charge d’athlètes de haut niveau dans l’administration
1982 : Politique d’insertion des athlètes de haut niveau
1983 : Réorganisation de la politique du sport de haut niveau dans le concert des grandes échéances sportives (JO, Championnat d’Europe et du Monde,…).
Avec la loi de 1984 :
l’importance sociale du haut niveau est renouvelée
Les fédérations se voient reconnaître une mission de service public et déléguer des compétences en terme d’organisation.
Le CNOSF est investi d’une forte légitimité
Importance reconnue à la vie associative
En 1985 : Création du professorat de sport
D’autre part avec les évolutions sociales apparaissent des missions nouvelles de service public
La place à accorder aux sportifs handicapés ( 1988 : R.Bambuck)
Insertion des jeunes en difficulté ( 1995 : G.Drut) : « Basket de rue »…
Les formations aux nouveaux métiers du sport
La loi 2000 (Loi 1984 remanié) insiste sur l’ouverture des politiques sportives en phase avec l’évolution politique et sociale. Ainsi elle doit tenir compte de deux modifications majeures dans le champ politique : l’ouverture européenne et les lois de décentralisation.
Les collectivités territoriales, avec les lois de décentralisation (1982) deviennent de plus en plus des partenaires privilégiés du développement sportif. L’autorité centrale ne délègue plus mais partage ses pouvoirs avec les collectivités locales qui deviennent des entités autonomes (Politique municipale des sports, plan départemental ou régional du développement des sports…). L’Etat de tuteur est devenu partenaire.
Enfin cette politique doit gérer une segmentation et une différenciation des pratiques de plus en plus grandes, alors que le nombre de participants est de plus en plus important (concerne 6 français sur 10 , 14 Millions de licenciés).
2.5L’Education physique et sportive est rattachée à l’EN L’EP est rattachée au Ministère de l’Education nationale au 1er janvier 1982.
L’EP profite politiquement de ce mouvement pour être intégrée au milieu Universitaire.
1981 : Trois chercheurs en EPS sont rattachés à l’INRP
1981 : Création d’une Maîtrise STAPS
1982 : Création de l’Agrégation d’EPS
1982 : Création des DEA qui conduisent au doctorat
1987 : Les UEREPS deviennent UFRAPS
A partir de ce moment l’EP est discipline d’enseignement, ce qui suppose une remise à jour des objectifs, instructions et programmes en conformité avec les usages de l’Education nationale.
1983-85 : Commission verticale dirigée par A.Hebrard
1985-86 : Instructions officielles pour les collèges et les lycées
1996-99 : Les Programmes pour les collèges (en prolongement de la loi d’orientation)
1999-2000 : Les programmes pour les classes de seconde et lycée
L’EP est mise en demeure de montrer ses capacités à lutter contre l’échec scolaire, elle se recentre sur la recherche de sa spécificité et de son identité. Elle met moins l’accent sur ses supports (le sport) avec lesquels elle prétend ne plus se confondre et plus précisément sur la seule notion de performance, mais sur les processus et les procédures des apprentissages. De plus, elle se débarrasse des logiques fédérales auxquelles elle était inféodé, mais s’ouvre à des pratiques nouvelles (gym douce, activités d’expression,…).
L’histoire de cette EP, les I.O, les pratiques est à considérer dans ce contexte.
2.6Avancées techniques, technologiques et transformations culturelles Ces décennies se situent dans le prolongement de la précédente qu’elle ne fait que continuer et amplifier.
C’est l’âge de la communication et du multimédia, amorcée dans les années 80 avec les radios libres, les nouvelles chaînes de télévision, l’apparition du CD Rom, de l’ordinateur personnel ou PC, puis relayé à la fin des années 90 par l’Internet et la téléphonie mobile. On parle de plus en plus de société de l’information et du savoir, de la globalisation culturelle.
Montée de l’écologisme. L’explosion en 1987, d’un réacteur dans la centrale nucléaire de Tchernobyl est un choc pour l’opinion mondiale. A la même époque, l’alerte est donnée sur la présence d’un trou dans la couche d’ozone, du processus de réchauffement de la planète, la destruction des forêts tropicales.
La biologie développe et approfondit ses recherches sur les maladies génétiques, le cancer , le Sida et maintenant l’EBS. Les greffes d’organe et les prothèses de toute sorte se multiplient. Depuis 1982 les techniques de procréation sont entrées en usage, puis le programme du génome humain (1995), ouvre des perspectives vertigineuses sur la manipulation de l’être humain. Le monde du sport ne va pas se priver d’exploiter ses connaissances pour pousser au delà des limites les possibilités organiques de certains athlètes (l’homme bionique). Les sciences du sport liées à ce secteur se multiplient, notamment dans les instances internationales.
En 1997, le clonage réussi sur une brebis pose de difficiles questions d’éthique : jusqu’où aller ? On assiste en réaction au réveil de la philosophie à la fin des années 90 (Les cafés philo). Montée du cognitivisme L’astrophysique, les progrès technologiques permettent d’envoyer des sondes de plus en plus loin, et d’avoir des images de plus en plus précises du monde qui nous entoure. En juillet 1997, plus de 100.000 personnes se sont connectés au site Internet diffusant des images de synthèse de la planète Mars.)
Les sciences humaines (cf spécial Sciences humaines) Désordre et indéterminisme et réseaux et sciences sociales. Le début des années 80 est encore sous le choc de deux courants théoriques, d’un côté les « structuro-fonctionnaliste » avec Bourdieu, Foucault et Althusser, de l’autre critiquant les thèses holistes et déterministes les partisans du jeu de l’acteur (Boudon et Crozier). Cela étant, avec les profondes mutations que connaît la société française, toutes les théories sociologiques à moyenne et longue portée sont remises en cause. Développement d’une société de loisirs et Montée de l’individualisme
L’individualisme lié à l’augmentation du temps libre a gagné toutes les couches sociales. Il se traduit par l’émancipation de l’individu d’un côté et d’un vaste désengagement de l’action collective structurée de l’autre (baisse du syndicalisme par exemple). Eglises, partis, syndicats se vident tandis que l’individu se replie sur l’hédonisme, le petit groupe, la vie familiale et le cocooning.
Pour O.Galland et Y.Lemel “ La nouvelle société française- trente années de mutation- A.Colin 1998) il apparaît que la balance du changement et des permanences est relativement équilibrée et se partage en deux domaines distincts :
le changement l’emporte dans les mœurs notamment suite à la montée de l’individualisme, dans le souci des personnes d’être totalement libres de leurs choix.
Mais les institutions qui encadrent les français ont vue leur organisation assez faiblement modifiée au regard de la transformation des mentalités et des attitudes individuelles.
Conclusion :
De 1890 à 2000 l’école s’est transformée en fonction de mutations sociales importantes, en permettant à un plus grand nombre d’accéder à l’enseignement du second degré. Mais les inégalités face à l’école restent très fortes, et l’éducation physique n’y échappe pas. De la même manière l’éducation physique s'est transformée selon un double processus relativement classique de toute recherche identitaire qui concilie à la fois conformité et affirmation de sa spécificité. Ce double processus s'est réalisé par rapport aux trois références qu'elle valorise depuis les années soixante: l'école, la science et le sport. En d'autre terme, son histoire récente peut être analysée à travers les manières sont elle a du relever ce défi : montrer sa conformité scolaire et faire admettre la spécificité de ses références culturelles et scientifiques. Du point de vue de l'école, l'éducation physique poursuit son entreprise de «mise en conformité» scolaire en adoptant des normes institutionnelles et didactiques identiques à celles des autres disciplines: appartenance ministérielle, définition des finalités, programmes, modalités d'évaluation, modèles. Ainsi, l'histoire de l’EPS depuis plus de cent ans apparaît toujours comme le produit d'une légitimation scolaire et culturelle, mais elle doit désormais aujourd’hui subir les conséquences d’un accroissement d’une perméabilité croissante aux transformations de l’université, du sport et du loisir corporel et de la montée de l’économie.
On peut considérer qu’une éducation réussie n’a pas de prix, et que la société ne saurait consentir trop de sacrifices pour la formation des générations montantes. Mais, en réalité, tous les acteurs du domaine se trouvent à un moment ou à un autre confrontés à la contrainte économique et doivent pouvoir ainsi envisager l’éducation sous l’angle des moyens mobilisés et de leur bon usage. Les coûts de l’activité éducative ont longtemps été mal cernés, et il faudra attendre le début des années 1970 en France pour posséder une vision globale et cohérente des dépenses supportées par les différents agents et impliquées par les diverses activités liées à l’éducation. Il est vrai que cette nouvelle vision de l’économie de l’éducation promeut une logique « industrielle » des savoirs. Mais elle peut représenter sans doute un progrès dans le sens d’une meilleure compréhension des mécanismes, afin de proposer des pistes d’action pour une meilleure « rentabilité » du système et permettre un accès démocratique à un plus grand nombre.
Ces réflexions récentes rendent délicates toute projection dans l’avenir pour la discipline éducation physique, mais l’anticipation du futur grâce à l’analyse historique devrait pouvoir vous guider dans des propositions de changement et d’innovation (praticien réflexif).
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