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Chapitre 2 - Définition générale de l’embedded value1. Définition et objectifL’“Embedded value”, littéralement “valeur engrangée”, ou “valeur intrinsèque” se veut une approche rationnelle de la notion, un peu intuitive, de “valeur du portefeuille de contrats”, qui fait référence à l’assurance vie. Dans cette branche, en effet, assuré et assureur sont liés en une relation à long terme, qui justifie un effort de « production » dont les fruits sont récoltés sur la durée du contrat. Normalement, la considération de la valeur de portefeuille conduit à majorer d’un pourcentage significatif la valeur nette comptable de l’entreprise. En assurance non vie, la richesse supplémentaire éventuelle est censée résider dans le portefeuille de sinistres et risques en cours ; la valeur à considérer correspond à la valeur actualisée des flux engendrés par la liquidation des provisions constituées à la date du calcul. Rien ne garantit que le résultat obtenu soit positif et, en tout état de cause, celui-ci est d’une ampleur relativement limitée. Dans les deux branches, l’“Embedded value” résulte d’une approche prospective de l’existant à la date du calcul, mais elle n’intègre pas les composants incorporels de la valeur comme la marque, la position sur le marché, les réseaux de distribution ou, plus généralement, les facteurs permettant à l’entreprise de promouvoir un renforcement de sa position commerciale et, par conséquent, d’accroître son portefeuille de contrats. Cette capacité à faire progresser son portefeuille, appelée en anglais “Good will”, s’ajoute à l’“Embedded value”, pour donner l’“Appraisal value”. La suite de l’exposé sera centrée sur l’“Embedded value” d’une entreprise d’assurance vie sur base de ses comptes sociaux. La consolidation des résultats du calcul au niveau d’un groupe ne sera pas évoquée. L’“Embedded value” a été conçue à l’origine pour évaluer une société d’assurance ou, plus précisément, pour éviter que son évaluation fasse impasse sur des éléments de valeur n’apparaissant pas dans les comptes. Aujourd’hui, c’est aussi un instrument de gestion car l’analyse de sa variation dans le temps permet d’alerter les dirigeants sur les facteurs qui ont eu une influence sur cette évolution et d’y apporter des corrections éventuelles. L’“Embedded value” comme l’“Appraisal value” sont des grandeurs dont le calcul fait appel à un certain nombre d’hypothèses, de conventions et de paramètres. La valeur d’une société s’entend notamment dans un contexte (économique, financier, fiscal et réglementaire) donné ; telle société, particulièrement performante en période de baisse des taux, pourra, au contraire, se trouver dans une situation délicate en cas de tendance opposée. Des conventions sont, certes, définies lors d’une évaluation comptable aussi, mais l’“Embedded value” comme l’“Appraisal value” résultant de calculs prospectifs, la marge d’appréciation des hypothèses, des conventions et des paramètres est beaucoup plus large que pour une évaluation comptable. Il est ainsi d’un grand intérêt d’apprécier la sensibilité de la valeur de l’entreprise au scénario adopté. Toutefois, si l’ambition est, comme habituellement, de définir une “Embedded value” unique, il conviendra d’affecter, à chacun des scenarii, une probabilité ; ces scenarii peuvent d’ailleurs aussi être générés à l’aide d’un processus stochastique, Une question se pose enfin à propos de la communication externe éventuelle de l’“Embedded value” :
2. Principes de calculLes valeurs calculées le sont à l’aide d’éléments relatifs à l’entreprise elle-même et prennent en considération des hypothèses relatives à l’environnement. 2.1. Présentation classiqueLa valeur d’une entreprise d’assurances est définie comme l’une des sommes suivantes : 1/ Valeur de l’actif net comptable hors marge de solvabilité requise 2/ + Valeur du portefeuille de contrats en cours (y compris marge de solvabilité requise ou « fonds propres alloués ») = Valeur intrinsèque (ou “Embedded value”) 3/ + Valeur de la production future (ou Goodwill) = Valeur actuarielle (ou “Apraisal value”) La quantité 1 est aussi appelée “fonds propres libres”, notion parfois mal comprise, d’autant qu’elle peut être négative. 2.2. Autre présentationCette autre présentation ne comporte pas de division au sein des fonds propres, mais la valeur du portefeuille tient compte du coût d’immobilisation des « fonds propres alloués » : 1/ + Valeur de l’actif net comptable (“Equity Fund”) y compris marge de solvabilité requise ou fonds propres alloués ; 2/ + Valeur du portefeuille de contrats en cours diminuée du coût d’immobilisation des « fonds propres alloués » = Valeur intrinsèque (ou “Embedded value”) 3/ + Valeur de la production future (ou Goodwill) = Valeur actuarielle (ou “Apraisal value”) Si les premières lignes diffèrent selon la présentation, l’“Embedded value” est le même. 2.3. Interprétation de certains composants de la valeurCertains composants peuvent être interprétés comme indiqué ci-après : Actif net réévalué L’actif net réévalué peut se définir comme l’actif net comptable d’un bilan dont les actifs et les passifs sont corrigés afin de tenir compte de leur valeur économique :
Il faut en outre examiner si les engagements sociaux ont bien été pris en compte, si le report de pertes fiscales peut être valorisé, si le plan de réassurance protège bien les fonds propres de la Société ou si, au contraire, il n’en diminue que la rentabilité, … Valeur de portefeuille Valeur actuelle des profits (ou pertes) futurs distribuables, donc nets d’impôts, générés par le portefeuille de contrats en vigueur. Le coût d’immobilisation des “fonds propres alloués” apparaît :
Valeur de la production future Valeur actuelle des profits (ou pertes) futurs distribuables générés par la production nouvelle ; en tenant compte, comme précédemment dans l’“autre présentation”, du coût d’immobilisation des fonds propres requis. Les profits ou pertes futurs s’entendent nets des incidences fiscales. 3. Méthodologie3.1. Affectation des fonds propres ou de la marge de solvabilitéDans la « présentation classique », il faut affecter à chaque catégorie de contrats la portion de marge de solvabilité ou de fonds propres qui lui est nécessaire. Dans « l’autre présentation », les fonds propres ne sont pas fractionnés, mais il faut déterminer la marge de solvabilité requise par chaque activité. Hors les plus values latentes attachées aux actifs affectés aux catégories de contrats, les éléments latents se trouvent concentrés au niveau des fonds propres ; dans une optique de répartition potentielle des fonds propres entre les actionnaires, il faut tenir compte des charges, notamment les charges fiscales, de mobilisation des actifs correspondants ; 3.2. Détermination de la valeur du portefeuilleLa détermination préliminaire des paramètres et la collecte des données qui seront nécessaires au calcul constituent la partie la plus laborieuse de l’exercice. Du choix des hypothèses, réalisé à ce stade, dépendront largement les résultats, c’est pourquoi tous ces éléments doivent être documentés et bien explicités. L’actuaire sera conduit à apprécier les marges positives ou négatives que comportent les montants portés à l’actif et les engagements pour chaque regroupement de contrats et les flux futurs de pertes ou de profits qui seront générés. Pour chaque scénario d’évolution, la valeur du portefeuille sera définie par la valeur actuelle des flux de résultats pour « l’actionnaire », c’est-à-dire, après participation des assurés aux excédents, et en tenant compte de ce que l’“actionnaire" a déjà « misé » : les fonds propres alloués dont le coût (par application d’un taux représentant l’appréciation du risque de perte de ces capitaux) sera pris en compte comme indiqué précédemment. Ajoutés à cette valeur de portefeuille pour former l’“Embedded value”, les fonds propres réévalués comprendront ou non, selon la présentation adoptée, la marge de solvabilité. 4. Analyse préalable aux calculs4.1. La segmentation du portefeuille et du bilanLa première étape consistera en un inventaire et une analyse du passif technique visant à regrouper le portefeuille par classe de contrats homogènes, au regard de l’objectif de calcul de la valeur de portefeuille. Ces regroupements seront fondés sur les caractéristiques telles que :
Le nombre de contrats-type considéré (“model-point”) sera déterminé, explicitement ou pragmatiquement, par une méthode de segmentation hiérarchique afin de concilier la recherche de l’homogénéité de chaque segment (homogénéité au regard du critère retenu, celui de la rentabilité pour l’actionnaire) avec la capacité et la disponibilité des moyens de calcul. Génération par génération de contrats, chaque contrat-type sera pondéré par les effectifs et capitaux garantis des contrats de chaque segment de manière à obtenir une représentation synthétique, aussi satisfaisante que possible, du portefeuille réel. Il faudra, bien sûr, vérifier que l’on reconstitue ainsi, avec une approximation tolérable, les provisions mathématiques à la date de l’évaluation. Il est recommandé, pour tester le modèle, de le faire fonctionner sur le dernier exercice et de vérifier que l’on obtient ainsi, sur cet exercice, les chiffres portés en comptabilité. Naturellement, si les provisions constituées par l’entreprise sont inférieures au minimum réglementaire, c’est ce minimum qui sera retenu pour le calcul. On affectera alors, à chaque classe de provisions ainsi estimées, les actifs correspondants en commençant par les actifs dédiés contractuellement ou réglementairement (contrats cantonnés, contrats en unités de comptes, contrats résultant de transferts de portefeuille, …). Après affectation des actifs dédiés, les actifs restant constituent l’actif général. Celui-ci peut se décomposer en deux parts, celle qui est admise en représentation des engagements réglementés et celle qui ne l’est pas. Cette dernière ne peut venir qu’en représentation des fonds propres. Les actifs restants, admis en représentation des engagements réglementés, seront affectés à la représentation des engagements des contrats ne faisant pas l’objet de cantonnement et en contrepartie des fonds propres pour le solde. A l’issue de ce travail, le bilan se présentera schématiquement sous la forme suivante : Bilan recomposé
Différentes conventions peuvent être adoptées pour le traitement des plus values latentes :
4.2. La définition du « distribuable »Chaque segment actif passif déterminé comme indiqué ci-dessus va donner lieu à la réalisation d’un tableau de flux permettant de déterminer le résultat distribuable. Les quantités indiquées ci-après se réfèrent à « l’autre présentation » : Résultat distribuable net du coût de la marge de solvabilité = Résultat comptable après impôt - coût de la marge de solvabilité avec : Résultat comptable après impôt = Primes + produits financiers (y compris de réalisation)
Par construction, les commissions escomptées et les frais d’acquisition n’interviennent pas dans le calcul de « l’Embedded value » Le résultat distribuable peut aussi être défini selon la « présentation classique » ; auquel cas, il comprend aussi les variations de la marge de solvabilité. Cette dernière formulation est d’un accès plus difficile pour une personne non parfaitement informée de ces notions. 5. Le calcul de l’“Embedded value”5.1. La détermination du résultat « distribuable »a) Marge de solvabilité requise ou « fonds propres alloués » Selon la présentation adoptée, cette marge intervient toujours, directement ou indirectement, dans le calcul, d’où l’importance de son choix. Elle peut être prise égale au minimum réglementaire mais elle peut être augmentée pour différentes raisons (exigences des autorité de contrôle, choix délibéré de la société, préoccupation d’un bonne notation,..). Il toutefois relativiser l’incidence de ce choix. En effet, plus la marge de solvabilité est excédentaire par rapport au minimum, moins elle a de probabilité de disparaître ; ceci signifie donc que le taux d’actualisation utilisé peut être plus faible, toutes choses égales d’ailleurs. En conséquence, le « coût de la marge de solvabilité » devrait être relativement indépendant du niveau adopté pour cette marge, mais, en pratique, il n’est pas toujours tenu compte de cet aspect. b) Primes Primes périodiques : Les primes périodiques vont continuer d’être encaissées à l’avenir sous réserve des décès, arrivées à échéance et surtout des « chutes ». Primes programmées Elles sont traitées comme les primes périodiques. Versements libres Ils peuvent être traités comme une prime unique pour la partie encaissée. Les versements libres sont ils alors considérés comme une forme de production nouvelle. Dans certains cas, sans le prévoir explicitement, les contrats à versements libres ont été vendus et donc souscrits dans une perspective de versements récurrents ; ils peuvent alors être rattachés à la catégorie des contrats à primes programmées Prorogations Les prorogations sont traitées comme un allongement de la durée du contrat. Si on ne les considère pas comme une production nouvelle, on doit prendre en considération la probabilité que le contrat soit prorogé. c) Produits financiers Ces produits financiers seront déterminés en fonction de la consistance et de répartition des actifs déterminés à la date de l’évaluation et projetées pour le futur en tenant compte des flux attendus de cotisations et de recettes financière. S’agissant de l’évolution de l’environnement financier, plusieurs méthodes peuvent être envisagées :
d) Sinistres, rachats, mortalité Basés sur une observation de l’historique et des anticipations de la société ; la modélisation de ces éléments reflète le vieillissement des assurés et les différences entre la mortalité réelle et celle de la ou des tables utilisées. Il faut souligner qu’il ne serait pas cohérent de mettre en œuvre des modèles élaborés d’évolution du contexte des marchés de capitaux et de définir de subtiles stratégies financières, sans prendre en considération l’influence des paramètres extérieurs sur le comportement des assurés. Quoiqu’il en soi, le traitement de ce volet est en général plus rustique que les autres traitements que comporte le modèle. e) Participations aux bénéfices C’est le module le plus important et le plus délicat à traiter et, en général, on ne peut le faire que moyennant quelques simplifications. Les points essentiels sont les suivants :
Même si le mécanisme est simple dans son principe, il est de fait assez difficile de modéliser le fonctionnement de la provision pour participation aux excédents, qui, toutefois, n’a que très exceptionnellement un rôle significatif. f) Frais récurrents
Il est souhaitable d’introduire un taux d’inflation, mais à l’inverse une hypothèse peut être formulée sur l’amélioration de la productivité. Bien que les frais d’acquisition n’interviennent pas explicitement dans le calcul, la répartition des frais, entre la production et la gestion, a une incidence forte sur les résultats obtenus. Ainsi, la minoration de la part gestion améliorera l’“Embedded value”, mais elle diminuera le “Good will”. De ce fait, l’“Embedded value” est plus sensible que l’“Appraisal value” à la règle adoptée de partage des frais entre acquisition et gestion. g) Variation des PM La variation des PM s’entend nette de l’incorporation des participations aux bénéfices. Remarque Le fait de travailler sur des regroupements permet de réduire les temps de calcul et donc de réaliser davantage de tests de sensibilité aux hypothèses, ou encore de générer davantage de scénarii dans une approche stochastique. 5.2. L’actualisation des résultats – discussion du taux d’actualisationLe résultat distribuable est actualisé à la date de l’évaluation à un taux d’actualisation qui, en principe, représente le taux de retour attendu par l’investisseur pour son investissement dans le portefeuille. C’est le taux sans risque majoré d’une prime de risque. Le fait d’actualiser les flux générés (tant par l’actif que par le passif) au titre du portefeuille de contrats à un taux supérieur au taux sans risque correspond également à l’incertitude sur les paramètres et hypothèses introduites et donc sur les résultats futurs. Plusieurs remarques peuvent être formulées à propos du taux d’actualisation :
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